extrait du roman

extrait du roman:

Sollicitée par les chauffeurs de salle, une standing ovation répondit à l'énoncé du nom de la reine du hip-hop. Sous des salves d'applaudissements, Harry salua un à un chaque artiste invité. Laissant le temps au calme de revenir, il annonça sur un ton solennel «  Le moment est venu de nous connecter à la Cité des Etoiles. Point Zéro, m'entendez-vous ? » La caméra embarquée dans l'un des Ecureuils balaya d'un vertigineux plan panoramique l'étendue du site embrassant le gigantesque chapiteau sous lequel se dissimulait encore le mystérieux édifice puis lentement elle resserra le cadrage vers le camion de la régie mobile. A l'intérieur, une seconde caméra prit le relais s'attardant sur le mur d'écrans, le pupitre, les consoles, les ordinateurs, tout l'équipement digne d'une tour de contrôle, pour finir,en un plan américain, sur l'équipe de tournage et son réalisateur. «  Point Zéro ! continuait Harry en voix off, paré pour le lancement ? » Passablement gêné comme tous les cinéastes quand ils se sentent filmés, Richaud se contenta de lever le pouce en signe d'approbation. Les caméras renvoyèrent encore pendant quelques secondes des images de Point Zéro et des hélicoptères qui se positionnaient à la verticale de la bâche avant de rendre la main au studio 3. Harry introduisit l'intermède musical animé par Peter Gabriel et son trio. Ensuite, on enchaîna par la présentation des six premiers aventuriers à coups d'images syncopées et de courts interviews, le tout monté en moins de deux minutes pour ne pas lasser le public. Une séquence de pub conclut la première partie. En début de seconde période, Harry, dans le but de donner plus de corps au sujet, commenta lui-même la dernière série de portraits prenant au dépourvu la responsable du script mais, en grand professionnel, il réussit à relancer l'intérêt avant d'envoyer la première séquence-choc de la soirée, la révélation du Cube. A sa requête, Richaud l'avait entièrement mise en scène. L'événement se déroulait en trois phases. Dans un premier temps, les hélicoptères équipés de treuils où s'enroulaient des filins d'acier eux mêmes arrimés à la toile qui n'était plus soutenue au sol, démantelèrent le chapiteau et le Cube dénudé apparut dans toute sa splendeur, magnifique bâtisse de trente six mètres de hauteur aux charpentes métalliques et aux façades de verre opacifié, brillante comme un précieux onyx aux reflets changeants. Dans le même temps, les musiciens de Lady Gaga, vêtus d'uniformes fluos, entreprirent de marteler à l'unisson les notes d'intro d'un morceau psychédélique ponctué des vibratos stridents des guitares au paroxysme de la puissance des amplis.

«  Mes amis, ricana Richaud, on passe à la phase 2. Jacques, je veux que tu m'optimises l'image au pixel près. Le compte à rebours a commencé. En avant pour la super-production ! »

A quelques mètres de hauteur, moulée dans une combinaison en lames d'or, équipée d'un rotor dorsal, la Diva planait entourée d'un halo de lumière avant d'atterrir souplement sur la scène. Deux accessoiristes la délestèrent de son appareillage. Elle ôta son casque qu'elle lança au loin, s'ébroua, passa une main dans sa courte chevelure pour y ajuster quelques mèches et se mit à entonner le premier couplet de G.U.Y.